Francis est né il y a bien longtemps… du temps ou même l'état civil n'existait pas, c'est dire…
On ne sait pas qui sont ses parents, lui-même ne l'a jamais su. Il fut élevé par un sorcier mi-homme mi- fouine.
Ce mage était d'une méchanceté inouïe, mais il parvenait à guérir les primates qui l'entourait pour quelques contributions en nature: nourriture, peaux, herbes rares, et un toit pour s'abriter du grand Bidule.
Il faut que nous fassions une parenthèse courte sur le grand Bidule, ainsi surnommé par ignorance du peu d'êtres qui se torturaient bêtement à réfléchir sur leur provenance initiale.
Il s'agissait d'un "bidule" donc, qui faisait éteindre la grande lumière pour en allumer de plus petites, tomber de l'eau, souffler de l'air, trembler le sol, et tout un tas d'autres performances inexpliquées.
Le sorcier, loin d'être de Vire ou de Guéméné, avait tout de suite vu le parti à tirer de ces craintes stupides! De craintes il en ferait une croyance, et de cette croyance il s'en ferait le maître.
Enfin bref…
Francis fut donc élevé dans la débrouille, mais dans l'inculture. Il savait comment rouler ses voisins, profiter de la bonne foi des villageois, mais était incapable de compter les offrandes.
A seize ans, il faisait la fierté du sorcier: un gaillard de taille moyenne, mais fort et malin. Avec un bagout que même les habitants du Maha Ghraib, réputé pour ces beaux parleurs, nous enviaient.
Il se lia d'ailleurs d'une amitié calculée à l'un d'eux, Mouh-loudh.
Ce dernier était d'une grande gentillesse, et invita Francis à passer quelque temps dans son pays du sud.
La grande hospitalité de ces gens leur porta préjudice: Francis profita pleinement de la largesse de ses hôtes; son vice et son absence de scrupule le firent s'installer comme chercheur de louhaou-kouhaoum dans les meilleures mines produisant cette denrée rare et recherchée.
Il embaucha les locaux qu'il rétribuait de sourires et de tape dans le dos, honorait leurs épouses et leurs filles, et revendait à prix d'or les louhaou-kouhaoum retraités par son père adoptif le sorcier.
Histoire de d'occidentaliser un peu, ils vendaient les louhaou-kouhaoum retraités sous le nom de Paitroul.
Voyant cela, les pays voisins du pays du sorcier voulurent leur part du gâteau. Une bataille sans merci s'engagea alors : les étrangers contre Francis et les Maha-Graibinoscos.
Si les étrangers étaient mieux armés, mieux entrainés, les Franco-Graibinoscos connaissaient bien le terrain et étaient soutenus par la population des Bhaid-ouin-ouins.
La guerre fut longue et sanglante.
A trente ans, Francis en eut assez. Après tout, il avait une fortune colossale, et désirait fonder une famille.
Une paix fut signée. La conséquence fut le mariage de Francis avec la fille du chef des armées adverses, le seigneur Vilefrite.
Magdalena était moche à faire peur, mais était dotée d'un caractère doux et malgré tout déterminé.
Francis s'en foutait un peu de sa tronche de Carême, disposant de moult maîtresses.
Les épousailles furent somptueuses, et les enfants ne tardèrent pas à venir égayer cette grande demeure que les France habitaient dans la plus grande ville du pays du sorcier.
Hélas! Vilefrite était un homme vil!
Il se remaria à une superbe femme des pays de l'Est qui lui fit un fils. Vilefrite déshérita sa fille, et combattit le royaume financier de Francis jusqu'à le mettre dans la misère.
L'âge d'or des France était terminé.